Les hirondelles

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Les hirondelles

Le long des fils télégraphiques

les hirondelles en habit

tiennent leur conciliabule d’automne.

Les froids sont venus, et le vent

maintenant tous les jours souffle du nord.

« Sacré pays, disent-elles, les petites hirondelles

serrées et pelotonnées sur leur fil,

il va falloir émigrer encore !

Adieu, chère vallée où les moustiques étaient si bons !

Quels bons repas de moucherons nous avons faits !

Quel bel été nous avons eu ! Comme nous avons bien ri !

bien crié, bien volé et virevolté dans ce ciel !

Comme elle était douce sa lumière, comme il était léger

l’air de Seine-et-Oise !

À présent, c’est fini, il nous faut partir ;

nous attraperions des rhumatismes dans ces brumes,

et pour vivre il nous faudrait voler si bas, au ras du sol comme les hommes !

Adieu, chers hôtes du hangar et de la grange,

adieu, cochons inoffensifs, et toi brave chien qui sait que nous ne sommes pas comestibles ;

adieu, vilain chat qui aurait tant voulu avoir des ailes

pour nous courir après dans l’azur et piller nos nids.

Adieu, le fermier et le fermière !

Ne démolissez pas nos nids de boue et de brindilles bien tressées.

Au revoir, pauvres amis ! nous penserons à vous en Égypte,

et nous reviendrons l’année prochaine.

N’ayez pas trop froid dans ce sale hiver. »

Émile Henriot

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